samedi 26 novembre 2011

Parution: Th Lancien. Le journal télévisé. PUB. 2011


Introduction à l'ouvrage: Le journal télévisé. De l'événement à sa représentation. Presses Universitaires de Bordeaux. 20

Né en 1949, le journal télévisé a connu différentes évolutions. Très proche des actualités filmées qui ont continué à le concurrencer dans les salles de cinéma durant les premières années de son existence, il leur empruntait beaucoup à ses débuts. Il n’y avait pas à l’époque de présentateur et le journal était une mise bout à bout de reportages assez hétéroclites. Au milieu des années 50, le présentateur fait son apparition et le JT cherche un équilibre entre la présentation de l’information et son illustration par l’image. Cette question restera d’ailleurs centrale dans la conception de tout JT. Au début des années 60, la formule qui continue à prévaloir aujourd’hui sur les grandes chaînes généralistes, s’impose. Le présentateur est désormais maître du dispositif, lance les reportages et met en relation les différentes interventions des journalistes ou des invités. Depuis cette époque, les formules ont relativement peu changé. On est certes passé d’une télévision plutôt marquée par l’enquête, le direct, le terrain à une télévision plus centrée sur l’examen et donc le studio et les commentaires. Les styles de présentation ont eux aussi pu changer, les présentateurs personnalisant plus ou moins leur présentation. Si ces paramètres restent intéressants pour comparer les journaux télévisés dans un même pays et entre pays, il reste que la formule du JT est relativement stable et même assez universelle.

Un nouvel environnement médiatique

Depuis quelque temps pourtant les Jt des grandes chaînes (TF1, France 2) semblent présenter des signes d’essoufflement. Les chifffres d’audience ne sont pas bons, le public est vieillissant et les critiques virulentes. Les JT sont accusés de ne plus être que des robinets d’informations (Télérama, 30 janvier 2008) et de favoriser des sujets spectaculaires qui sollicitent surtout l’émotion (Dossier Télérama mai 2008). La crise que traversent les JT doit bien sûr être référée au nouvel environnement médiatique dans lequel ils se trouvent. Celui de la télévision tout d’abord qui a beaucoup changé avec l’arrivée en 2005 de la TNT (Télévision numérique terrestre). Des chaînes d’information en continu comme BFM et iTélé ont fait leur apparition dans les foyers en proposant de nouvelles formules de JT plus courts, d’un rythme plus enlevé et souvent précédés et suivis de courts débats (iTélé) au ton vif et libre. C’est ensuite la présence d’Internet qu’il faut prendre en considération. Le réseau rend en effet possible l’accés à l’information à tout moment et en tout lieu . Des enquêtes montrent par exemple que de plus en plus de gens consultent des sites d’information (journaux, télévisions, portails généralistes) au travail. Très informés durant la journée, ils n’attendent plus de la même façon ce grand rendez vous du soir que constituait le JT. Cela semble particulièrement vrai chez les jeunes qui désertent le petit écran à ce moment de la journée.

Un nouveau défi

Si l’on regarde ce qui s’est passé du côté de l’histoire des médias, on peut pourtant constater que jamais un média n’a supprimé celui qui l’a précédé. Le JT qui s’ancre dans une histoire médiatique et culturelle complètement différente de celle d’Internet devrait donc survivre à condition qu’il sache repenser son rôle et ses contenus. Concurrencé par d’autres supports d’information, il devrait à la fois proposer plus de réflexion, d’analyse mais aussi envisager de manière nouvelle ses modes de rapport aux images.

Objectifs de l’ouvrage

Cet ouvrage vise un public d’étudiants en sciences humaines et sociales, de futurs journalistes, d’enseignants chargés d’éducation aux médias. Il reprend deux parties d’un ouvrage publié précédemment (1) et propose un parcours d’analyse qui part d’une approche des notions d’événement et de représentation pour aborder ensuite les dimensions informative et discursive du journal télévisé. La dernière partie est elle consacrée aux différentes manifestations de l’internationalisation de la télévision et des conséquences qu’a cette dernière sur l’information.

(1) Lancien Th., Le journal télévisé. Construction de l’information et compétences d’interprétation. Paris, Didier Collection Crédif Essais, 1995

vendredi 19 août 2011

Le journal télévisé. Ouest France


Interview Ouest France
19 Aout 2011

lundi 8 mars 2010

LES JEUX TELEVISES

Le français dans le monde, n°366
Nov-déc 2009

Si les jeux peuvent être considérés comme un genre télévisé mineur voire futile, ils témoignent pourtant des évolutions de la télévision et même de notre société.

Etant donnée la place que les jeux occupent dans nos sociétés, il est normal que les médias s’y soient très tôt intéressés. Ce fut d’abord le cas pour la radio qui, dès les années vingt, programma des émissions du type du « Jeu des mille francs » aujourd’hui encore diffusé sur France Inter. Née au début des années cinquante, la télévision va vite programmer des jeux qui supposent soit une performance intellectuelle (« Le mot le plus long » d’Armand Jammot), soit une performance physique (« Intervilles » de Guy Lux). Les deux pouvant être alliées comme dans la célèbre émission de Pierre Bellemare, « La tête et les jambes ».

Jeux et évolution de la télévision

Un regard historique porté sur les jeux montre bien que comme pour d’autres genres télévisés, les années quatre vingt, marquées par l’arrivée des chaînes privées, ont consitué un tournant pour les jeux télévisés. De 1960 aux années quatre vingt, il s’agit essentiellement dans les jeux de valoriser le candidat soit par son savoir culturel, soit par ses performances physiques. S’il faut noter que ces dimensions demeurent aujourd’hui, dans des jeux comme « Des chiffres et des lettres » ou « Questions pour un champion » tous deux rediffusés par TV5, les années quatre vingt se sont accompagnées de changements profonds.
Le premier concerne certainement la montée des gains culminant sans doute avec le jeu au titre évocateur « Qui veut gagner des millions ». On remarquera que le déplacement se fait ici au niveau même du titre puisque ce n’est plus la nature du jeu qui est évoquée mais le gain poursuivi. Il faut d’ailleurs noter que ce phénomène s’accommpagne aussi d’un déficit des connaissances demandées. Alors que celles-ci relevaient plutôt du domaine scolaire et de la culture générale, les émissions des années qutre vingt vont pouvoir les inscrire dans une pure dimension marchande. Dans « Le juste prix » il s’agissait par exemple de deviner le prix exact d’un objet à l’écran.
La montée en puissance du spectacle est sûrement le deuxième changement important survenu avec l’arrivée de ce que certains ont appelé la « néo-télévision ». Là encore comme dans d’autres genres télévisés, la télévision cherche à montrer ses propres performances : gadgets technologiques, sophistication du studio, des couleurs, des éclairages. Et comme le spectacle doit s’accompagner d’émotion, celle-ci est mise en avant par l’attitude de l’animateur et par le jeu des caméras : gros plan sur le visage du canadidat au moment où l aroue se fige, et ensuite gros plan sur la famille venue l’accompagner.
Comme dans la télé-réalité dont certaines émissions sont d’ailleurs assimilables à des jeux, on assiste donc à une montée de l’intime, du sensible qui pour beaucoup de sociologues sont aussi des marqueurs de nos sociétés contemporaines.

Mondialisation ou particularisme

Très présents sur les chaînes françaises, les jeux télévisés sont aussi les programmes que l’on retrouve le plus dans les grilles des chaînes européennes mais aussi d’autres pays. Tout se passe comme si le dispositif télévisuel relativement simple des jeux pouvait être facilement reproduit. Dans le passé « Le juste prix » ou « La roue de la fortune » étaient des déclinaisons de programmes américains. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y ait pas des différences dûes à la fois à la culture et à la nature des chaînes. Nous conclurons donc avec « Des chiffres et des lettres », jeu à tonalité intellectuelle fort distinct des formules américaines et plutôt adapté à des chaînes publiques.

Thierry Lancien

Télévision et communication politique

Le Français dans le Monde n°364
Juillet Août 2009


La présidence de Silvio Berlusconi et l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy ont ravivé les débats sur les rapports entre télévision et communication politique (voir FDLM n°358, août 2008). Pour certains le citoyen électeur est désormais traité comme un téléspectateur consommateur et l'espace public serait dépolitisé par la nouvelle communication politique télévisuelle. L'attention portée à la communication de certains chefs d'état ne doit pas faire oublier que le phénomène de rapprochement entre espace privé et espace public qui touche aujourd'hui la représentation politique se manifeste presque quotidiennement à la télévision.

Vivement dimanche : la politique conviviale
L'émission hebdomadaire de Michel Drucker diffusée sur France 2 et sur TV5 constitue un bon exemple d'une communication politique qui cherche à se fondre dans une relation télévisuelle d'un autre ordre. Emission phare de la deuxième chaîne « Vivement dimanche » qui rencontre un fort succès d'audience (de 3 à 4 millions de télésectateurs), propose un dispositif convivial (notamment le célèbre canapé rouge), familier (le chien de l'animateur était toujours présent jusqu'à sa mort récente) au sein duquel Michel Drucker reçoit des invités du monde du spectacle, de la politique, des médias ou du sport. Dans une première partie, Michel Drucker revient sur la carrière de ses invités qui ont carte blanche pour construire l'émission comme ils l'entendent.
Dans la deuxième partie intitulée Vivement Dimanche prochain, l'invité est passé au crible des chroniques d'humoristes ou de journalistes dans une bonne humeur générale ostensiblement revendiquée et affichée.
On parle peu politique à « Vivement dimanche », puisque l'enjeu est ailleurs : rapprocher les politiques des téléspectateurs en nous les montrant sous un jour familier, décontracté. Ils peuvent être invités à faire un brin de cuisine ou à se déguiser. L'émission est devenue un passage quasi obligé pour la plupart des leaders politiques et sa nature même permet de comprendre pourquoi elle peut poser un problème à certains hommes politiques. Lorsqu'Olivier Besançenot alors responsable de la Ligue communiste révolutionnaire a accepté l'année dernière de participer à l'émission, beaucoup au sein de son parti se sont interrogés sur l'utilité de céder à ce type de communication qu'ils brocardent d'autre part parce qu'elle efface les frontières entre activités individuelles et activités sociales. Le récent passage dans l'émission de la secrétaire générale du Parti sociliaste est lui aussi intéressant. Réputée assez austère et avare de confidences sur sa vie privée, Martine Aubry a pourtant dû selon les observateurs céder au rite dominical proposé par France 2 pour adapter son image à un public de télévision qui attend désormais un certain type de relation avec les hommes politiques.

Plus proches et plus familiers
Des émissions comme « Vivement dimanche » ou « Vie privée vie publique » sont évidemment à rapprocher d'autres phénomènes médiatiques comme celui de l'essor important de la presse people qui nous montre les politiques dans leur vie privée. Certains sites d'Internet participent aussi de ce dévoilement auquel les politiques consentent plus ou moins, comme le prouvent les procés qu'ils peuvent quelquefois intenter pour atteinte à leur image. Sur le plan télévisuel en tout cas, cette nouvelle communication politique s'inscrit dans tout un courant qui avec la télé réalité met en avant l'intime, l'émotion au détriment d'une représentation politique plus classique qui passait notamment par le débat et la mise en avant de programmes politiques.

Thierry Lancien

La télévision parle des médias

Le Français dans le Monde n°363
Mai, juin 2009


Depuis les années quatre vingt, les magazines télévisés consacrés aux médias se succèdent sur les différentes chaînes mais leur durée de vie est souvent brève. Tout se passe comme si le genre avait du mal à trouver ses marques et sa véritable identité.

Comme chaque année le baromètre annuel TNS Sofres pour le quotidien La Croix nous donne une image des rapports que les Français entretiennent avec leurs médias. La vingt deuxième livraison met en lumière un intérêt croissant du public pour la presse, la radio, la télévision et Internet. Prés de trois français sur quatre suivent l’information médiatique alors qu’ils n’étaient que 62% en 1987.
Rien d’étonnant donc à ce que la télévision cherche à faire écho à cet intérêt en programmant des émissions consacrées aux médias.

France 5 en première place
A l’heure actuelle et quatorze ans après sa création, c’est France 5 qui occupe la première place dans ce domaine. Cela ne surprend pas puisque la chaîne publique du groupe France Télévision (voir FDLM 327, juin 2003) reste ainsi fidèle à sa mission première qui est d’œuvrer pour la diffusion du savoir et des connaissances. L’émission de Daniel Schneidermann « Arrêt sur images » consacrée à l’analyse de la télévision a même été longtemps emblématique de la chaîne avant d’être supprimée en septembre 2007 (voir FDLM 354, décembre 2007). Elle reste d’ailleurs une référence et il est difficile de ne pas comparer les nouvelles émissions à ce que proposait Daniel Schneidermann qui a depuis créé un site sur lequel il continue à proposer décryptages et analyses de la télévision(www.arretsurimages.net)

De « Revu et corrigé » à « Médias le magazine »
Avec les deux magazines aujourd’hui programmés par France 5, ce qui a le plus changé concerne précisément la question de l’analyse. Que ce soit Paul Amar dans « Revu et corrigé » ou Thomas Hugues dans « Médias Le Magazine », même si le terme de décryptage est régulièrement mis en avant, il s’agit plus d’émissions d’information sur les médias. Plus d’analyse critique d’images, de reportages et de dispositifs télévisuels mais quelque chose qui ressemble plus à de l’enquête sur les médias. Il faut dire que la période actuelle est riche en questions. Comment la presse écrite, la télévision, la radio se positionnen-t-elles vis-à-vis d'Internet ? Comment les chaînes historiques réagissent-elles face à l'émergence de la TNT ? Comment France Télévision pourra vivre sans publicité ? Quelles nouvelles complémentarités vont s’installer entre les trois grands médias et la téléphonie mobile ? A l'heure où la révolution numérique bouleverse le paysage audiovisuel français (PAF), Thomas Hugues dans « Médias le Magazine » s’entretient avec des professionnels des médias et des experts pour tenter d’offrir des réponses aux questions du moment. Les enquêtes, les reportages et les débats constituent l'ossature du magazine qui compred un très riche complément sur Internet. On y trouve en effet un forum, un feuilleton et des archives. Des vidéos de l’émission peuvent y être visionnés ce qui montre une fois de plus que les frontières entre la télévision et Internet tendent à s’estomper.
Il faut noter enfin qu’en dehors des émissionssur les médias, les sites des chaînes proposent eux aussi informations, documents, dossiers et enquêtes sur les médias.

« Médias le Magazine est programmé » sur France 5 le dimanche à 16h35 et sur TV5 le lundi à 21 heures.

Thierry LANCIEN

Vie privée et télévision

Le français dans le monde n°362
Mars-avril 2009

A l’heure où il est question de supprimer les émissions de télé-réalité des chaînes publiques qui seront sans publicité à partir de janvier 2009, il est intéressant de s’interroger sur les rapports que la télévision entretient avec la vie privée.

Un peu d’histoire
C’est en fait dans les années 80 que tout commence. L’apparition des chaînes privées va en effet s’accompagner de changements profonds dans la conception que l’on se fait de la télévision et des programmes. A une télévision messagère qui transmet des informations, des connaissances, des spectacles va venir sajouter une télévision que beaucoup de chercheurs comme Dominique Mehl (1) vont appeler télévision « relationnelle ». Les programmes cherchent en effet à établir une nouvelle relation avec le téléspectateur, en le représentant dans les émissions, en parlant de lui y compris de ses problèmes les plus intimes : troubles de la sexualité, conflits familiaux, fantasmes en tous genres. On ne compte plus à cette époque les émissions de télévision qui ont rendu publics ces sujets relevant autrefois de la plus stricte intimité. Les concepteurs de « L’amour en danger », de « Psy show » pensent alors que loin du voyeurisme, ces émissions ont un rôle social puisqu’on y cherche à résoudre des conflits que la société n’est plus capable de prendre en charge.

La télé réalité
Quelques années plus tard la télé-réalité (Le Français dans le Monde n°325, 2003) va poser à son tour la question de la présence du privé voire de l’intime à la télévision. L’émission « Loft Story », emblématique du genre, a par exemple mis en scène la dimension relationnelle de la vie privée et porté à l’écran des personnes anonymes issues de la société civile et auxquelles le téléspectateur est censé pouvoir s’identifier.
Mélangeant réalité et fiction et remettant donc en cause la distinction des genres à la télévision, ces émissions ont eu leurs détracteurs mais continuent à avoir une certaine fortune télévisuelle.

Vie privée-vie publique
Dans le paysage audiovisuel d’aujourd’hui d’autres émissions peuvent aborder la question privée sous un angle différent. C’est par exemple le cas de « Vie privée-vie publique » (émission de France 3, diffusée sur TV5), conçue et animée par Mireille Dumas. L’animatrice qui fut très impliquée dans ce qu’on a appelé « la télévision à la première personne » avec une émission comme « Bas les masques », se propose toujours si l’on en croit le descriptif de son émission de « confronter la vie d’anonymes ou de personnes célèbres qui parlent des problèmes qui peuvent exister au sein des familles, des groupes de personnes et de chercher des solutions ». On retrouve bien ici les principes des « reality » et « talk show » évoqués plus haut, même s’il s’agit d’une orientation assez différente. Les émissions de « Vie privée vie publique » dans lesquelles sont invitées des personnes célèbres sont en fait à rapprocher des médias qu’on appelle « people » et qui entretiennent la curiosité du public par dévoilements successifs sur certains éléments de la vie privée. On n’est plus ici dans une télévision actrice qui voulait intervenir dans le champ du social mais dans un genre télévisuel à rapprocher de toute cette tendance médiatique qui consiste à reculer les frontières qi ont longtemps séparé vie publique et vie privée.

(1) Dominique Mehl, La fenêtre et le miroir, Payot

Thierry LANCIEN

L’avenir du JT

Le français dans le monde, n°359
Sept-octobre 2008

Alors qu’il fêtera l’année prochaine ses soixante ans d’existence le journal télévisé, genre télévisuel particulièrement stable, semble montrer des signes d’essoufflement.

Une formule stable

Né en 1949, le journal télévisé a connu différentes évolutions. Très proche des actualités filmées qui ont continué à le concurrencer dans les salles de cinéma durant les premières années de son existence, il leur empruntait beaucoup à ses débuts. Il n’y avait pas à l’époque de présentateur et le journal était une mise bout à bout de reportages assez hétéroclites. Au milieu des années 50, le présentateur fait son apparition et le JT cherche un équilibre entre la présentation de l’information et son illustration par l’image. Cette question restera d’ailleurs centrale dans la conception de tout JT. Au début des années 60, la formule qui continue à prévaloir aujourd’hui sur les grandes chaînes généralistes, s’impose. Le présentateur est désormais maître du dispositif, lance les reportages et met en relation les différentes interventions des journalistes ou des invités. Depuis cette époque, les formules ont relativement peu changé. On est certes passé d’une télévision plutôt marquée par l’enquête, le direct, le terrain à une télévision plus centrée sur l’examen et donc le studio et les commentaires. Les styles de présentation ont eux aussi pu changer, les présentateurs personnalisant plus ou moins leur présentation. Si ces paramètres restent intéressants pour comparer les journaux télévisés dans un même pays et entre pays, il reste que la formule du JT est relativement stable et même assez universelle.

Un nouvel environnement médiatique

Depuis quelque temps pourtant les Jt des grandes chaînes (TF1, France 2) semblent présenter des signes d’essoufflement. Les chifffres d’audience ne sont pas bons, le public est vieillissant et les critiques virulentes. Les JT sont accusés de ne plus être que des robinets d’informations (Télérama, 30 janvier 2008) et de favoriser des sujets spectaculaires qui sollicitent surtout l’émotion (Dossier Télérama mai 2008). La crise que traversent les JT doit bien sûr être référée au nouvel environnement médiatique dans lequel ils se trouvent. Celui de la télévision tout d’abord qui a beaucoup changé avec l’arrivée en 2005 de la TNT (Télévision numérique terrestre. Voir FDLM 340, juillet 2005). Des chaînes d’information en continu comme BFM et iTélé ont fait leur apparition dans les foyers en proposant de nouvelles formules de JT plus courts, d’un rythme plus enlevé et souvent précédés et suivis de courts débats (iTélé) au ton vif et libre. C’est ensuite la présence d’Internet qu’il faut prendre en considération. Le réseau rend en effet possible l’accés à l’information à tout moment et en tout lieu . Des enquêtes montrent par exemple que de plus en plus de gens consultent des sites d’information (journaux, télévisions, portails généralistes) au travail. Très informés durant la journée, ils n’attendent plus de la même façon ce grand rendez vous du soir que constituait le JT. Cela semble particulièrement vrai chez les jeunes qui désertent le petit écran à ce moment de la journée.

Un nouveau défi

Si l’on regarde ce qui s’est passé du côté de l’histoire des médias, on peut pourtant constater que jamais un média n’a supprimé celui qui l’a précédé. Le JT qui s’ancre dans une histoire médiatique et culturelle complètement différente de celle d’Internet devrait donc survivre à condition qu’il sache repenser son rôle et ses contenus. Concurrencé par d’autres supports d’information, il devrait à la fois proposer plus de réflexion, d’analyse mais aussi envisager de manière nouvelle ses modes de rapport aux images.

Thierry Lancien