lundi 8 mars 2010

Analyser la télévision

Le français dans le monde, n°354
Nov-déc 2007

Les pratiques d’analyse de la télévision en milieu éducatif n’ont cessé de se développer et de s’enrichir depuis plus de dix ans. Elles concernent aussi bien l’enseignement primaire, secondaire qu’universitaire. Une telle somme d’expériences souvent présentes et facilement accessibles sur Internet doit pouvoir être fort utile à l’enseignant de FLE. En effet apprendre avec la télévision c’est aussi et peut être avant tout la comprendre en tant que dispositif médiatique.

Le rôle d’Arrêt sur images
La décision de la direction de France 5 de ne plus programmer à la rentrée 2007 l’émission Arrêt sur images a suscité un net émoi dans les secteurs éducatifs. Conçue dans le cadre de la cinquième chaîne et par rapport à la vocation éducative de celle-ci, l’émission, animée par Daniel Scheidermann, aura été pendant des années la matière première de beaucoup d’enseignants. On y décryptait en effet toutes sortes d’émissions avec le souci de montrer qu’au delà d’une certaine transparence, tout message télévisuel est l’objet et le produit d’une construction linguistique et visuelle.

Le dispositif télévisuel
La suppression de cette émission est d’autant plus paradoxale que les pratiques d’analyse de la télévision en milieu éducatif ne cessent de se développer. Celles-ci peuvent relever de diverses orientations mais toutes, semble-t-il, devraient profiter à l’enseignement des langues et plus particulièrement du français langue étrangère. On les regroupe quelquefois sous le terme d’éducation aux médias, laissant entendre ici qu’au delà de la langue et des contenus explicites, les médias sont à appréhender à travers leurs modalités spécifiques de signification. C’est par exemple ainsi qu’on abordera la langue d’un reportage, non pas en soi comme un phénomène isolé mais en relation avec les images, le choix des plans, le montage.
Le terme de dispositif renvoie clairement à cette idée que la télévision combine, met en relation des messages qu’il ne faut pas isoler comme on a trop souvent tendance à le faire dans une approche strictement langagière.

Des approches variées
L’examen des sites Internet consacrés à l’analyse de la télévision révèle vite une grande variété que l’enseignant de FLE pourra aussi retraduire en niveaux d’apprentissage. Les sites très riches des académies (pour chaque académie il suffit de taper ac-plus le nom de l’académie) regorgent ainsi de propositions d’activités classées par niveaux (primaire et secondaire) et dont beaucoup sont transférables à l’enseignement du FLE.
Il en va de même pour le site du CLEMI, bien connu maintenant à l’étranger, ainsi que pour les sites CLEMI hébergés par des académies (exemple:www.clemi.ac-aix-marseille.fr). L’orientation est ici clairement celle de l’éducation aux médias, c’est à dire d’une attention particulière portée au processus de signification médiatique.
Des associations comme Le ligue de l’enseignement (www.laligue.org) ou les Cemea (www.cemea.asso.fr) proposent aussi sur Internet différentes activités éducatives et pédagogiques destinées à faire des jeunes des téléspectateurs actifs et critiques.
Les blogs ne sont évidemment pas absents de ce panorama car de nombreux enseignants proposent ainsi des réflexions, des démarches, des activités.
Les enseignants en université trouveront eux aussi des ressources à travers par exemple des programmes détaillés de cours sur les médias (www.univ-paris1.fr)

L’interdisciplinarité
L’éducation aux médias étant déjà présente dans de nombreux pays (voir les sites canadien:www.media-awareness.ca et de l’UNESCO: www.portal.unesco.org), il y aurait un évident intérêt dans les contextes scolaires d’enseignement du FLE à établir des passerelles entre ces deux domaines. On oublie trop souvent lorsqu’on aborde les médias en langue étrangère que l’apprenant dispose déjà d’une compétence médiatique dans sa langue et qu’il faut favoriser des transferts.

Thierry Lancien