lundi 8 mars 2010

La mémoire audiovisuelle

La mémoire audiovisuelle en danger

Le français dans le monde, n°338
Mars-avril 2005


La fédération internationale des archives de télévision (Ifta) vient de lancer un appel pour la sauvegarde de milliers d’heures de télévision et de radio dont l’archivage est à l’heure actuelle gravement menacé.


Des centaines de milliers d’heures de radio et de télévision, pourtant archivées, sont menacées de disparition si les grands organismes qui s’en occupent ne trouvent pas les moyens financiers nécessaires à leur survie. En ce qui concerne la France, on estime à 350.000 heures de télévision et 500.000 heures de radio, les documents en danger.

Cettte situation s’explique tout d’abord par la vulnérabilité des supports. On connaît bien par exemple le « syndrome du vinaigre » qui est un processus chimique qui affecte les bandes magnétiques radio et les bandes sonores des films et qui aboutit à l’autodestruction de celles-ci.

A cela, il faut ajouter l’obsolescence de certains matériels qui permettent de lire des supports anciens et qui ne fonctionneront bientôt plus. Les supports se sont en effet multiplié depuis les années cinquante (bande vidéo 2 pouce, cassette bétamax, VHS pour l’image, 78 tours, cassette audio, CD audio pour la musique), ce qui complique les modalités de leur lecture.

La solution à ces problèmes, c’est évidemment la numérisation, c’est à dire le passage d’un support analogique fragile à un support numérique qui présente toute une série d’avantages : résistance, qualité des images et des sons, multiplicité des modes d’archivage et d’interrogation.

L’Institut national de l’audiovisuel (INA), a ainsi lancé en 1999, un plan de sauvegarde et de numérisation (PSN) qui a permis de traiter près de 100.000 heures jugées très périssables. La France occupe d’autre part une position particulière dans le domaine des archives grâce à la loi de 1992 qui a imposé un dépôt légal de la radio et de la télévision. Ce sont à l’heure actuelle toutes les chaînes hertziennes mais aussi plus de cinquante chaînes du Câble et du Satellite, auxquelles il faut ajouter dix sept radios, qui sont tenues de déposer leurs programmes à l’INA. C’est l’Inathèque de France, créée en 1995 qui capte ces programmes, les indexe pour les mettre ensuite à la disposition des étudiants et des chercheurs.

Tout cela représente pourtant un coût colossal auquel l’INA comme la BBC britannique ou la RAI italienne, a du mal à faire fâce. Les clients d’archives sont pourtant de plus en plus nombreux, qu’il s’agisse des producteurs d’émissions de télévision ou encore des producteurs de DVD. L’extraordinaire essor de ce nouveau support constitue en effet une nouvelle chance pour les archives, puisque les « bonus » contenus dans ces documents sont très souvent alimentés par des archives qui viennent éclairer le film ou le documentaire présentés. La mode médiatique actuelle très centrée sur les hommages, les rétrospectives devrait aussi servir la cause des archives.

Il reste que la tâche qui consiste à numériser est immense, très coûteuse et pose aussi des problèmes de choix de documents. Puisqu’il est impossible de tout garder, il faut arriver à mettre en place des critères de conservation qui doivent être à la fois économiques et culturels. Cette question est d’autant plus complexe qu’elle touche aussi au problème des droits d’auteur. Pour exploiiter l’extrait d’une émission de variété, il faut par exemple payer l’interprète, le parolier et le compositeur.

C’est pour toutes ces raisons que « l’Appel de Paris », lancé par l’IFTA à la suite des actions menées par l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, doit être d’urgence entendu et soutenu.

Appel mondial pour la sauvegarde des archives audiovisuelles
www.fiatifta.org/petition

Thierry Lancien